La dynamique du pouvoir politique précolonial, colonial et postcolonial au Sénégal
La dynamique du pouvoir sur la longue durée au Sénégal est au centre des discussions de la session. En effet, le Sénégal, tête de la pénétration française en Afrique, offre aujourd’hui un modèle de stabilité politique en Afrique de l’Ouest. Le pays se singularise par le multipartisme et le l’alternance démocratique qui prévaut depuis son indépendance. Nous posons ici l’hypothèse selon laquelle cette singularité a des fondements historiques et sociopolitiques perceptibles dans l’analyse du pouvoir politique sur la longue durée. Ainsi, pour analyser cette trajectoire pouvoir politique aux facettes multiformes est analysée dans le cadre de cette session à travers les exemples du Cayor pour la période précoloniale, du Boundou et au Gadiaga pour la période coloniale, de Léopold Sédar Senghor pour la séquence postcoloniale. Chaque étude de cas sera contextualisée pour mieux faire ressortir les éléments de permanence et de rupture dans l’exercice du pouvoir politique.
La durée de session prévue est d’une heure trente minutes (1h30) avec vingt minutes pour chaque intervenant et 30 minutes pour la discussion.
Au lendemain de l’indépendance du Kajoor, le pouvoir royal ne pouvait pas être tyrannique, parce que limité par des réalités que l’autorité politique, elle-même, avait contribué à mettre en place. C’était le Seb ak baor ou l’assemblée des électeurs. A travers cette communication, nous volons expliquer : en quoi consistaient les structures politiques du Kajoor ? Leur dynamisme qui ont fait leur renommée ? Quels secrets renfermaient-elles ? Quelle était la nature des rapports entretenus entre le pouvoir et les populations ? En quoi ces rapports pourraient-ils aider ou nuire à une bonne marche du pouvoir ?
Le Boundou et les Gadiaga sont deux États précoloniaux du Haut-Sénégal habités respectivement par les Toucouleurs et les Soninkés dont les pouvoirs et les autorités politiques eurent des comportements différents, du moins au départ, vis-à-vis l’autorité coloniale. En partant de l’expérience de ces deux entités politiques traditionnelles, ce texte cherche à analyser comment le pouvoir traditionnel déstructuré par la conquête évolue-t-il dans le système colonial, et surtout à quel rythme et en vertu de quel principe se dissout-il finalement dans celui-ci, au fur et à mesure de la consolidation de la domination. Notre démarche montre que la différence des formes d’organisation politique traditionnelles explique la plus ou moins rapide consolidation du régime colonial dans les territoires conquis.
Le Sénégal accède à l’indépendance en 1960. Un régime parlementaire fut institué. Un exécutif bicéphale se met en place : Léopold Sédar Senghor fut élu président de la République et Mamadou Dia fut nommé président du Conseil. Au fur et à mesure que les fondements de l’État se mettaient en place, la cohésion de cette équipe ne put résister à l’épreuve du pouvoir. Le tandem éclate le 17 décembre 1962. Après, le président Senghor institua un régime présidentiel. En même temps qu’il affichait à l’extérieur l’image du brillant poète à la tête d’un pays stable et démocratique, il s’illustra à l’intérieur par une politique de répression vis-à-vis de ses adversaires. Notre communication a pour objectif de montrer la « part d’ombre » de sa gouvernance politique dans la phase la moins étudiée de la construction de son hégémonie présidentielle entre 1963 et 1980, date de son départ du pouvoir.